10 - La Passerelle des Lampadophores
" Fin juillet, je reçois une lettre où il me dit, tu vas venir à la Grande Motte au mois d'août, tu vas voir la passerelle que j'ai faite du côté de Carnon, donc comprends bien qu'il y a la passerelle des Abîmes du côté du Grau, qui ouvre, il y a bien sûr la grande passerelle, il y a les deux petits escargots entre, et il me dit là, par rapport au vieux fort qui est au Grand Travers, j'aimerais que tu me fasses les gardiens du temple. "
Michèle Goalard imagine alors de grandes silhouettes de plus de 4 mètres se dressant sur la passerelle et brandissant des torches chargées d'éclairer le promeneur...Ces gardiens auraient pu porter des lances pointues et acérées, mais dans une ville de détente et de loisirs, mieux valait leur faire simplement porter...la lumière...pour un accueil, plus chaleureux.
Mais toute la difficulté pour Michèle Goalard sera d'intégrer des sculptures sur une passerelle déjà réalisée et de s'adapter aux contraintes imposées par Jean Balladur...
" Alors il me dit, ce qu'il faut c'est que tu te lies, parce que cette passerelle est faite... il faut que tu te lies à mon gros oeuvre, que tu te lies aux cannelures, il faut que tu rentres complètement dans mon travail...Je suis venue voir sa passerelle et je lui ai réexpédié une lettre en lui disant, je te remercie pour ce travail difficile mais qui me passionne déjà "...
Quelques mois plus tard, les lampadophores sont réalisés. 8 hommes et 4 femmes...
" Ah voilà, alors j'ai dit à Jean, je t'ai mis quelques femmes...tu comprendras mon côté féministe...Alors il est venu voir ma maquette, et il m'a dit très bien, comme il disait toujours quand il faisait confiance..."
Et l'architecte avait confiance en ses collaborateurs. Dès le début de la construction de la Grande Motte, en 1966, il n' hésite pas à faire travailler de jeunes artistes, comme Michèle Goalard, Albert Marchais ou Joséphine Chevry, qui n'avaient pas encore 30 ans et peu ou presque pas d'expérience... Des artistes marqués par leur collaboration avec Jean Balladur avec qui s'est très vite noué un lien de respect, de confiance, et d'amitié...
" Pour ça, il était unique...j'ai travaillé avec d'autres architectes, qui avaient une prétention à influer, à marquer de leur poids alors que Jean, pas du tout. On s'est toujours sentis en confiance, libres, et je crois qu'on l'a satisfait..."
Cette confiance et cette liberté de création, cette complicité au sein d'une équipe soudée a certainement fait le succès de La Grande Motte et donne l'espace de vie de qualité qu'elle est encore aujourd'hui.
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